samedi 30 avril 2016

Chronique d'un Bourguignon N°05 - Burgundie : Veya ! Vaga ! Vayalaveya !

Mort de Siegfried



Nibelung manuscrit K




Burgundie : Veya ! Vaga ! Vayalaveya !



Quand j'entends le nom Burgonde,
j'entends Wagner et le cycle des Nibelung,
j'entends s'élever le chant des filles du Rhin
Veya ! Vaga ! Vague ô la vague, la vague bercée, la vague berceuse ! Vagalaveya ! Vallala veyala veya !
Quand j'entends le nom Burgonde,
je songe au Dieux Wotan (Odin), Donner (Thor), Loge (Loki) et la belle Freyja...

ainsi ils renaissent et ressuscitent par l'intercession de la Mémoria des hommes

C'est aussi Gunther que je vois...
et Siegfried le vaillant Siegfried !

Parce que la Bourgogne fut cette terre gallo-romaine qui accueille ce peuple qui allait donner leur nom à notre belle bourgogne.
Ces hommes fiers et altier !
Parce que la bourgogne est en son seing lié au roi Gunther/Gondichaire

Alors Voilà en ce jour particulier : Veya ! Vaga ! Vayalaveya !
Je m'en vais vous conter l'histoire du peuple qui se bat perpétuellement contre les fameux et terribles Huns,
Nos autres ancêtres les Burgondes dont voici l'origine !

Le peuple burgonde tirent ses racines en scandinavie, sur une île nomme Bornholm, terre septentrionale, dans la mer baltique. Au IIeme siècle, alors qu'ils se sont fixés en Poméranie (approximativement la Pologne actuelle) ils font d'un coup route à l'ouest et s'installent sur les bords du rhin, autour de Worms et de Mayence. Cette terre leurs est octroyée et accordée d'abord par l'empereur Jovin et l'accord est enterriné par son successeur Constance III.
Les burgondes fondent un grand royaume en 413 avec l'appui de Rome sur ce sol frontière.
Cette terre est à double tranchant car nourricière elle attire les Huns. Les Burgondes sont sans arrêt harcelés par le peuple d'Attila. En 428 Gondicaire mène campagne contre les Huns, l'oncle d'Attila Okkar perd la vie à l'issue des combats.
Vers 435 Gondicaire décide d'élargir son domaine, il se jette sur la région de Toul et de Metz. Aetius, généralissime romain de Valentinien III, les arrête grâce aux ennemis de toujours les Huns.
20 000 guerriers Burgondes sont tués par les Huns massacre considérable. Le roi Gondicaire expire à ce moment en 436/37. Pour punir les Burgondes se voient retirer Worms. Voilà ce qui a inspiré la Chanson des Nibelung, les Nibelungen.

En 444 Aetius refusant toujours la Lorraine et la Champagne trouve un accord avec les Burgondes, « et bien soit ! qu'on leur ouvre cette lointaine contrée appellé la Sapaudia » (actuel Genevois). Gondioc, fils de Gondicaire acquiert en échange, comme les Francs et les Wisigoths, le statut de fédéré. 25 000 burgondes s'installent et se partagent le revenu des terres avec les autochtones gallo-romain. Leur mission : protéger les terres gallo-romaine contre les intrusions des « Barbares ».

Leur terre et l'emprise des Burgondes va s'étendre sur la vallée du rhone, la plaine de la Saône notre actuelle Bourgogne d'Avignon à Langres (avec Grenoble, Valence, Lyon, Chalon, Dijon) et Saint Maurice d'Agaune à Nevers (en passant par Genève et Besançon) jusqu'à l'arrivée d'un certain Clovis roi des Francs mais ceci est une autre histoire...


dimanche 22 mars 2015

Chronique d'un Bourguignon | N° 04 – Nos Ancêtres les Eduens partie 2

La chronique d'un Bourguignon | N° 04 – 


NOS ANCETRES LES EDUENS PARTIE 2 : LES ARDENTS

Bibracte, le Mont Beuvray dans le Morvan



Qui sont-ils nos ancêtres vivants en territoire de la future Bourgogne ? Les Ardents (Eduens) est un peuple qui occupe une grande partie de notre Bourgogne sur un territoire situé entre les vallées de la Dheune (qui traverse Saint-Loup-Géanges, Merceuil, Chaudenay, Chagny, Santenay, Saint-Léger-sur-Dheune), de la Bourbince (de l'étang de Torcy à Digoin), de l'Arroux ( Arnay le Duc, Autun, Gueugnon) et de l'Ouche (Lusigny-sur-Ouche, Bligny-sur-Ouche, Sainte-Marie-sur-Ouche, Dijon, Longvic, Saint-Jean-de-Losne). Pour situer plus largement entre les confluents de la Loire et de l'Allier route des Arvernes, de la Saône où de l'autre côté on rencontre les Séquanes, plus loin la Saône se jette dans le Rhône route des Allobroges, L'Ouche quant à elle les sépare des Lingons, les Lingons étaient établis à Langres et Divio (Dijon) était leur lieu de Culte.
Les Villes principales Eduennes sont : Noviodunum (Nevers), Decetia (Decize dans le Morvan), Cabillonum (Châlon-sur-Saône), Matisco (Mâcon), Belena (Beaune) affluence qui va jusqu'au Canton de Nuits-Saint-Georges (les Bolards) où la frontière avec les Lingons se situaient peut-être vers Gevrey-Chambertin. Toutes ses villes étaient très bien placées pour le commerce, c'est ainsi que les Eduens étaient un des plus puissants, avec les Arvenes de Vercingétorix, peuple de Gaule. Les Ardents avaient de nombreux alliés Aulerques Brannovices, Mandubiens d'Alésia et Epomandui. Pour récapituler au Nord il y avait Lingons et Mandubiens d'Alésia et plus au nord les Sénons, à l'ouest Aulerques Brannovices et Bituriges, au Sud Arvernes et Ségusiaves, à L'ouest Ambarres et Séquanes.
Le contrôle des fleuves et surtout de l'Arar (la Saône) était souvent source de rivalité avec les peuples voisins surtout avec les Sequanes et se disputaient l'hégémonie économique avec les Arvernes
Le Morvan est une forteresse naturelle au centre de ce vaste espace c'est ainsi que les Ardents construisent leur Capitale Bibracte en haut du mont Beuvray (821 mètres et 135 hectares) (actuelles communes de Saint-Léger-Sous-Beuvray, Glux-en-Glenne, Larochemillay) qui est constitué de trois sommets : le Theurot de la Wivre avec sa pierre, le Theurot de la Roche et le Porrey qui est le point culminant.

Les Ardents (Eduens) étaient régis par un chef électif le Vergobret, élu tous les ans sous l'égide des Druides, qui possédait le droit de vie et de mort, mais ne pouvait pas quitter le territoire. Pour la guerre hors frontière il nommait donc un général. Chez les Ardents il y eu Liscos en 58, Valétiacos en 53 et Convictolitavis en 52. En dessous un Sénat qui se composait d'un membre par famille et Les Druides occupaient également de hautes fonctions. Diviciacos fut l'ambassadeur du peuple éduen et dirigea la cavalerie lors guerre des Gaules.

Depuis le Ier siècle avant JC avant 138 les Ardents avaient fait alliance avec la Cité, le Sénat Romain les proclama «frères de la République et de même Sang» Rome se forgeait à l'époque un réseau de légendes divines d'où le lien avec Troye comme l'alliance avec Massalia certainement l'intégration des Ardents était du même type, c'est à dire intégré au réseau de légendes divines ; c'est ainsi que les Ardents demanda de l'aide à Rome lorsque les Helvètes décidèrent de traverser la Gaule et constituèrent une menace pour Bibracte ce qui déclencha la Guerre des Gaules. Ce n'est que tardivement que les Ardents se rallièrent à l'Arvernes Vercingétorix contre Rome, leur esprit d'indépendance les convainc de ne plus suivre Rome.

Ainsi le tableau dressé laissons un peu la plume au grand Jules !
L'Eduen Diviciac se fit leur porte-parole : il dit « que l'ensemble de la Gaule comprenait deux partis, dont l'un avait pour chef les Eduens, l'autre, les Arvernes. Après de longues années d'une lutte pour la prééminence, on avat vu les Arvernes, unis aux Séquanes, attirer les Germains mercenaires. Quinze mille d'entre eux passèrent d'abord le Rhin ; la fertilité du sol, la civilisation, les richesses du pays, plurent ces hommes sauvages et barbares, et en firent venir un plus grand nombre, et il y en avait maintenant cent vingt mille dans la Gaule. Les Eduens et leurs alliés ont livré deux combats avec eux, ils ont été repoussé, de grands malheurs à déplorer, la perte de toute leur noblesse, de tout leur sénat, de toute leur cavalerie. Épuisé par ces combats désastreux, ils s'étaient vus dans l'obligation, eux que leur courage et leurs liens d'hospitlité et d'amitié avec le peuple Romain, avaient précédemment rendu si puissant dans la Gaule, s'était vu forcé de donner en otage aux Séquanes leus plus plus nobles citoyens, et de s'engager par serment à ne jamais réclamer ces otages, et à ne point implorer le secours du peuple romain, à ne pas tenter de se soustraire au joug perpétuel de ses vainqueurs. Il est le seul de tous ses concitoyens qu'on n'ait pu contraindre à prêter serment ni à donner ses enfants en otage. Il avait fui de son Etat et est venu implorer Rome le secours du sénat que parce qu'il n'était retenu par aucun serment ni aucun otage. […] » Quand Divitiac eut tenu ce discours, tous les assistants, fondant en larmes, se mirent à implorer le secours de César.

Jules CESAR, La Guerre des Gaules, I 31-32.

Des décennies après la fin de la Guerre des Gaules les Eduens quittèrent Bibracte pour rejoindre la Nouvelle Cité d'Auguste Augustudunum crée par Auguste en 16-13 av. J.-C. En fondant Autun Rome cherche à affirmer son pouvoir et à abaisser celui du grand oppidum de Bibracte. C'est chose faite. Bibracte est peu à peu abandonné au profit d'Autun !

nota : On peut retrouver les Eduens sous ses noms : en latin : Aedui ou Hedui et Haedui
                                                                                    en grec : Aidouoie et Aidousioi



vu du mont Beuvray 821 mètres un des sommets de la Bourgogne avec le Haut Folin son voisin 901m

dimanche 25 janvier 2015

Chronique d'un Bourguignon | N° 03 – Nos Ancêtres les Eduens partie 1-

Vue du mont Lassois


La chronique d'un Bourguignon | N° 03 

 NOS ANCETRES LES EDUENS PARTIE 1 : AVANT ON BROSSE LE TABLEAU...


Les Celtes apparaissent entre 2000 et 1200 ans avt JC en Bohême, au début de l'âge de Bronze, considérés comme les successeurs des Indo-Européens qui vivaient il y a 5000 ans au nord de l'Eurasie, auxquels ils empruntent, les mégalithes, des cultes, des symboles. Les Celtes ne sont pas un peuple centralisé mais plutôt différentes tribus.
En 2000 avt JC c'est l'apparition du bronze qui va bouleverser toutes l'Europe. Le bronze c'est l'alliage du cuivre et de l'étain autrement dit un processus qui va permettre de fabriquer des armes beaucoup plus efficaces que les poignards d'os ou les pointes de silex de la préhistoire mais va aussi permettre de fabriquer des outils pour l'agriculture et la construction : couteau, marteau, hache, enclume, roue cerclée de fer, araire. Mais où peut-on trouver de l'étain ? En Armorique et en Grande Bretagne, et le cuivre ? Dans les Alpes. L'ambre vient de la Baltique. Le sel vient d'Autriche. Une route des matières premières se dessinent, elle part du Rhin jusqu'à notre Bourgogne pour rejoindre le Sud par la vallée du Rhône. Les conditions sont réunies pour l'émergence d'un véritable civilisation. Du Bassin Parisien à la Bohème en passant par les Alpes se met en place une civilisation qui enterre ses morts sous tumulus. Des princes contrôlent la route de l'étain. Puis à la fin de l'âge de Bronze, autre temps autre civilisation, on incinère les morts, ce sont les Champs d'Urnes les cendres des morts y sont déposés avec leurs armes brisés dans des urnes regroupées en cimetière.
Apparaît ensuite une deuxième révolution technique, celle de l'Age de Fer, entre le IX éme et le VIII éme siècle avt JC, c'est à ce moment que les Celtes entrent en scène. La métallurgie du fer, plus résistant que le bronze, plus facile à exploiter et plus répandu dans la nature que le cuivre et l'étain, donne naissance à l'Age de Fer et ses deux périodes, le premier âge de Fer dit l'Hallstatt (800 avt JC), nom d'une nécropole autrichienne près de Salzbourg, période où l'on retrouve la Princesse de Vix et le fameux vase, et le second âge de fer dit la Tène (500 avt JC) d'où l'adjectif laténienne, nom d'un village tout proche de Neuchâtel en Suisse où on a retrouvé un grand nombre d'objets celtes et un pont de cette époque. La Tène est la période qui marque l'apogée de la civilisation celtique, période où l'on retrouve nos ancêtres les Eduens.
Période de Hallstatt : C'est le début d'une grande expansion Celtes, qui, du domaine primitif autour du Rhin borné vers Heuneburg, va s'étendre à l'est jusqu'à Hallstatt et à l'ouest jusqu'à Vix, au nord vers la Belgique et au sud non loin de La Tène. Du VIIIeme siècle au VI eme siècle avt JC des sites fortifiés et toute une aristocratie princière va se développer de la Bohème à la Bourgogne. Les Celtes commerçants parcourent l'Europe à cheval et de petits groupes de migrants celtes vont petit à petit se mêler à la population autochtone, leur apporter leur savoir technique, une avancée énorme pour les locaux, la technique du fer. La civilisation celtique se développe. On ne doit pas imaginer des barbares venant envahir des territoires mais plutôt des commerçants-guerriers (pouvions nous ne pas être guerriers lorsqu'on se déplaçait à l'époque ?) apportant le savoir et s'intégrant à la population, ils s'installent deviennent marins, d'autres agriculteurs, d'autres artisans (forgeron, bronziers, orfèvre, tisserands, potiers, constructeur). Certains s'installent le long de la Mer du Nord et entrent en Bretagne (Grande Bretagne), poussent même jusqu'à l'île d'Eire : Pictes et Goidels. En 650 c'est au tour des Brittons d'entrer sur la terre éponyme. Et en Bourgogne me direz-vous ?
En Bourgogne s'installe des princes qui adoptent une coutume étrangère, le vin. Il naît sur le territoire une hiérarchie sociale, une cour, on trouve des distinctions, des présents notamment ceux de la Princesse de Vix. En 1953, René Joffroy, prof de philo, découvre au pied du mont Lassois près de Châtillon-sur-Seine en Côte d'Or la nécropole de Vix sous un tumulus de 6 mètres de haut se trouve une chambre funéraire de 3 mètres de profondeur mesurant 3 mètres de côté coffré de bois. Une femme de 30 ans gît sur le fond d'un char dont les roues démontées déposées debout alignées sur le mur à gauche côté est, côté ouest 3 bassins de bronze d'origine étrusque et le vase le plus grand grand du monde, vase grec, le cratère de Vix : 1,64 m de haut, diamètre 1,27m poids 208 kg, pouvant contenir 1200 litres ! La princesse porte sur la tête un torque d'or fin (480g), sur sa poitrine un torque de bronze, autour du cou un collier d'ambre et de perle, des bracelets d'ambre et de schiste, ainsi que des fibules ornés de corail ferme la robe. Origine du vase : La Grèce : Sparte ou Tarente (Grande Grèce). Fonction : peut-être vase à libation ? On sait que l'oppidum du mont Lassois se trouvait sur le chemin de la route de l'étain de Cornouailles à l'Italie ce qui en a fait une cité industrielle et commerciale très en vue, un des plus grand marché de toute la Gaule, de plus il se situait à l'endroit où la Seine n'était plus navigable, il fallait débarquer à Vix pour continuer le chemin en direction du Sud. Au V eme siècle tout s'effondre brutalement, on ne sait pour quelle raison mais la population se concentre en Champagne, dans les Ardennes et le long du Rhin. A Châtillon il y a aussi la source de la Douix vénérée dés le néolithique et par les Celtes. Nota : De cette source Saint Bernard (voir chronique mensuelle n°2) eut sa vision de la lactation de la Vierge
Période de La Tène : Une nouvelle migration venue de l'Europe centrale (Bohême, Pologne, Bavière, Autriche, Hongrie) a lieu par vague successive par groupe restreint à partir de 400 avt JC, migration qui continue jusqu'au III siècle avant JC. Ces migrants s'assimilent avec la population d'origine, ils ont la même langue, la même économie, la même culture, la même religion, mais aucune unité politique. Les Grecs les nomment les Keltoï, les Romains les Galli. La raison de cette migration ? Changement climatique ? Surpopulation ? Toujours est-il qu'ils sont attirés par les richesses agricoles. Ils vont vers la Baltique, la Manche, la Mer du Nord, la Bourgogne, le Rhône, le Sud de la France, l'Aquitaine, la Galice en Espagne (étymon dérivé du nom Gaule), en Asie mineure ils fondent la Galicie (les Galates). Ce sont de nombreuses tribus qui s'installent en Gaule dont les plus connues et les plus influentes sont les Arvernes (peuple dont sera issu Vercingétorix) et les Eduens (allié et ami pour un temps à Rome). Mais deux autres tribus entrent dans l'Histoire (dont l'une issue du futur territoire de notre bourgogne). Les Sénons et les Galates. En 387 avt JC les Sénons (peuple de l'Yonne ayant donné sont nom à Sens) et leur chef Brennus franchissent le Pô, se battent à Allia, et incendient Rome excepté le Capitole. Rome n'était pas encore la Rome conquérante qu'on connait. Une rançon fut fixée à mille livre d'or. Alors que le tribun se plaignait que les gaulois avaient apporté des poids pour peser la rançon, Brennus jeta son épée sur la balance et jeta un « Vae victis », malheur aux vaincus ! En 279 un autre Brennus, (décidément !) à la tête de 150 000 hommes ravagent la Grèce et surtout, comble du comble, ose défier les dieux grecs en pillant l'un des plus grand sanctuaire du monde antique Delphes. Brennus blessé se suicide, les soldats de son armée fonde le Royaume des Galates et menace Byzance. En 225 avt JC les gaulois se battent en Etrurie à la bataille de Télamon. De ses épisodes est né dans l'imaginaire des romains et des grecs la peur du gaulois qu'ils s'imaginent sanguinaires et ne craignant pas la mort.
Et à cette époque, époque où diverses tribus se sont installées et évoluent sur le territoire de la Gaule, entrent en scène nos ancêtres les Ardents (Aedui ou Eduens)...

Source de la Douix




pour en savoir plus vous pouvez consulter l'excellent livre de Renée Grimaud, Nos ancêtres les Gaulois, ed Ouest-France et Les Celtes en Europe de Maurice Meuleau

samedi 27 décembre 2014

Chronique d'un Bourguignon | N° 02 - Esprit(s) de la Plaine Abbaye de Cîteaux


                                                    

La chronique mensuelle d'un Bourguignon | N° 02 


Alors que ce prépare la Saint Vincent Tournante 2015 dans les villages de mon enfance Gilly-lès-Cîteaux et Vougeot  mais aussi l'abbaye voici en attendant la création de l'abbaye de Cîteaux et quelques informations historiques sur ces lieux tant aimés. J'en profite pour vous souhaitez une excellente année 2015 avant de se retrouver à la Saint Vincent Tournante !


ESPRIT(S) DE LA PLAINE DU PAYS DE CÎTEAUX -


Fin de l'an Mille. Alors que rayonne la puissante abbaye de Cluny (fondée en 909 près de Mâcon), qui depuis 1049 est sous l'abbatiat d'Hugues de Semur, en réaction à sa grandeur et à la majesté de la grande abbaye, trois hommes, l'Abbé Robert de Molesme, le Prieur Albéric, et le Moine anglais Etienne Harding quittent une deuxième fois l'abbaye de Molesme, près de Tonnerre dans l'Yonne, (abbaye fondée par Robert lui-même en 1075). L'abbaye de Molesme s'est éloignée, d'après l'exemple de Cluny, d'un idéal Bénédictin partagé par les trois hommes, il y a des dissensions entre les moines qui se sont enrichis aussi l'autorité de Robert est mis à mal. Robert veut revenir à un idéal de vie sobre, sans possession, où se mèlent travail manuel et prières. Avec l'autorisation de l'archevêque de Lyon, les trois hommes, suivi de 21 moines, quittent le monastère de Molesme et le 21 Mars 1098, Robert, Albéric, Etienne et leur 21 moines créent le Nouveau Monastère sur l'alleu que leur cède le Vicomte de Beaune Raynald, avec l'autorisation du Duc de Bourgogne Eudes Ier qui dote le lieu de la vigne de Meursault. Ce lieu (qui est aujourd'hui situé sur la commune de Saint-Nicolas-lès-Cîteaux) est boisé et marécageux, il se nomme Cistel, ce qui signifie « joncs » en ancien français, où « personne n'habite, sauf les bêtes sauvages », Il deviendra « l'Abbaye Cîteaux » vingt et un an plus tard. La vie sera rude au Nouveau Monastère, très difficile, en cela proche de l'idéal Bénédictin de Robert de Molesme. En 1099, Albéric devient Abbé, il profite d'une situation qui lui permet de chasser du Novum Monasterum Robert le premier Abbé. En effet à Molesme, les moines sollicitent le retour de Robert. Albéric succède donc à Robert de Molesme qui est prié de retourner à Molesme par le Pape Urbain II lui-même (pape qui précha en 1095 la 1ere Croisade). L'Abbé Albéric reconstruit le Novum Monasterium quelques centaines de mètres plus loin. En novembre 1106 l'église abbatiale est consacrée par l'évêque de Châlon. En 1109, à la mort d'Albéric, Etienne Harding, moine anglais fidèle à Robert et à Albéric, devient le troisième abbé du monastère.
En 1110 les moines d'Etienne Harding cherchent un endroit proche de l'abbaye pour cultiver des vignes, nécessaire pour le rituel chrétien, le terrain marécageux du Nouveau Monastère est en rien cultivable pour la vigne. C'est donc en remontant la rivière (laVouge) que les moines trouvent un endroit favorable sur la Côte, cultivée déjà à quelques kilomètres par les chanoine du prieuré de Saint Denis de Vergy et aussi par d'autres moines dont ceux de Saint-Vivant de Vergy (abbaye dépendant de Cluny) vont cultiver en 1131 des terres à Flagey et à Vosne, nous aurons l'occasion d'en reparler dans une prochaine chronique. Tout près, les moines du Nouveau Monastère arrivent trop tard pour de bons terrains, la place est prise ! à Musigny par les Evêques de Langres venus de Dijon. Il faut comprendre que durant toute l'Histoire, la Côte Viticole a suscité les convoitises tant du Nord que du Sud. Du côté Beaune, c'est l'influence d'Autun et de Cluny qui domine, le Sud l'emporte. Du Côté de Dijon, c'est le Nord qui s'impose, et Langres. Les évêques de Langres sont en effet évêques de Dijon et cela jusqu'au XVIIIe. La frontière entre Nord et Sud passe justement à l'endroit où les moines de d'Etienne Harding s'arrêtent. Ils vont trouver une terre un peu plus bas que Musigny en amont de la Vouge. La communauté est très pauvre mais grâce à des âmes généreuses l'abbaye acquiert auprès de 4 donateurs obscurs, pour pratiquement rien, 3 hectares de terres en friche, puis elle étend son domaine grâce aux Seigneurs de Vergy et à la Châtelaine Elisabeth de Vergy. Les moines construiront une de leur grange au coeur de ce terroir dont la surface ne tarde pas à se développer en 1116 et cent années après en 1212 le clos qui deviendra le Clos de Vougeot est construit. Dès le XIIIe les limites intangibles du Clos de Vougeot sera atteint, 50 hectares et 85 ares. Le Cellier construit au XIIIe et la Cuverie XIIIe-XIVe. Les moines y font un excellent vin, qui devient fort réputé et apprécié, ils deviennent de véritables techniciens, sont bientôt possesseur des principaux vignobles de Dijon à Meursault. Ils embauchent aussi des laïcs à leur service pour s'occuper des vignes. Outre le Clos de Vougeot, il convient aussi de citer le vignoble de Chablis appartenant à une fille de Cîteaux Pontigny, Cîteaux possède aussi des Celliers à Meursault et à Aloxe. L'abbaye concurrente Cluny possède quant à elle un Cellier à Gevrey-Chambertin. Aussi dans toute l'Europe, le vin de Bourgogne, grâce à l'expansion des deux ordres et l'exemption de taxe, va se diffuser. Les Papes d'Avignon vont même apprécier le vin de Beaune.
Les moines se rendent de Cîteaux au Clos de Vougeot par un chemin d'une quinzaine de kilomètres qui passe par Gilly-lès-Cîteaux, bien qu'au départ il y ait de bonnes relations, l'histoire relate des tensions entre l'Abbaye de Cîteaux et le Prieuré de Gilly qui dépend de l'Abbaye de Saint-Germain des Près de Paris. Pour résoudre ce conflit en 1300 les moines de Cîteaux acquereront le Château de Gilly et le transformera en résidence de plaisance des Abbés de Cîteaux.
En 1112 Bernard fils du Seigneur de Fontaine (Dijon) Tescelin et Aleth de Montbard, repeuple l'abbaye de Cîteaux veillissante, avec 30 de ses compagnons dont quatre de ses frères et deux de ses oncles maternels. Saint Bernard va aider Etienne Harding à développer Cîteaux. Cîteaux repeuplé essaime. 1113 est fondé la Ferté première fille de Cîteaux, en 1114 c'est Pontigny, 1115 Bernard devient abbé de la troisième fille de Cîteaux Clairvaux dans la canton de Bar-sur-Aube, Clairvaux essaimera à son tour, enfin quatrième fille Morimond. Entre 1120 et 1125 à Tart quelques kilomètres de Cîteaux, l'Abbé de Cîteaux Etienne fonde un premier établissement de Moniales. Pour un souci d'organisation et d'administration donne à l'Ordre ses points de référence dont la Chartre primitive en 1114 complétée par l'histoire du Nouveau Monastère, l'Exorde primitif en 1119. Cette même année le Novum Monasterum prend le nom de « Cîteaux ». En 1133, un an avant sa mort Etienne Harding se retire l'Ordre compte 70 abbayes en France, dans les régions de Bourgogne, Franche-Comté, Champagne et même hors des frontières du royaume, en Angleterre, en Allemagne, en Italie. Quant à Saint Bernard il ne sera jamais Abbé de Cîteaux mais de l'une de ses filles Clairvaux qui essaimera à son tour (Trois-Fontaines, Fontenay, Foigny). Toutefois Bernard sera en 1124 un éminent représentant de l'Ordre, il s'opposera à Cluny sur une affaire touchant son neveu ayant quitté Claivaux pour Cluny. Il sera aussi une des personnalités de la chrétienté occidentale, il est présent en 1128 au synode de Troyes réuni pour définir la structure de l'Ordre du Temple et le 31 mars 1146, il préchera la deuxième croisade à Vézelay.



ici le porteur de Benaton (Clos de Vougeot) et haut l'Abbaye de Cîteaux et ses Jardins


 

dimanche 30 novembre 2014

Chronique d'un Bourguignon | N° 01 Terre et Brume de Bourgogne

La chronique d'un Bourguignon | N° 01 

 TERRE ET BRUME DE BOURGOGNE -


En ces temps d'automne la brume parfois même un épais brouillard tombe sur notre terre de Bourgogne. La terre se refroidit et le froid monte au travers des chaussures ou des bottes des vignerons, une froide morsure qui saisit les orteils puis la plante des pieds pour enfin monter jusqu'aux jambes des travailleurs de la vigne et de la terre.
Cette brume légère m'a toujours fasciné, elle offre un épais mystère à notre terre de Bourgogne. Lorsqu'elle s'installe sur la Côte viticole, un escarpement de faille entre la plaine de la Saône et les Hautes-Côtes, une moulure qui du haut de ces 300 mètres par endroit, sur laquelle par temps clair on peut voir le Mont-Blanc, s'étend sur 70 km de Dijon à Chagny, la brume enveloppe de son manteau le Clos de Vougeot, et lorsque fument les brouettes viticoles utilisées pour brûler les sarments, les baguettes des ceps ciselés et sculptés par la taille du vigneron, ce sont des touches d'une fumée blanche qui s'ajoutent au tableau.
La brume charge l'humeur à s'intéresser au secret de notre histoire bourguignonne ; je pense à l'ancienne cité de Bélénos (Beaune aujourd'hui) et au vicus gallo-romain situé aux Bolards (non loin du péage de l'autoroute à Nuits-Saint-Georges) où certain étaient adorateurs du culte de Mithra, Dieu qui faillit renverser le christianisme naissant, Beaune et les Bolards, deux lieux de vie peuplés peut-être par des habitants descendant du centre Eduens Bibracte (Mont Beuvray) situé au beau milieu du Morvan (où Vercingétorix lança son appel pour fédérer les peuples celtes contre les romains et où Jules César écrivit sa Guerre des Gaules) puis des Gallo-Romains de la Ville d'Auguste, Augustudunum (Autun) nouveau centre de vie Eduens ; je pense à la terre des Burgondes avant qu'elle ne deviennent terre conquise par les rois Mérovingiens d'abord par Clovis, roi des Francs, ayant épousé la princesse Burgonde Clotilde, nièce du roi Gondebaud, qui convertira son mari à la religion chrétienne ; je pense au roi Gontran ; je pense à la mort de Guerin, premier seigneur de Vergy frère de Léger d'Autun ; Bourgogne conquise ensuite par les Carolingiens puis laissé aux seigneurs de la guerre : le roi Boson, Richard tout premier Duc de Bourgogne et son fidèle second Manassès de Vergy (l'Ancien), et le fils de ce dernier Gilbert ; je pense à la Seigneurie de Vergy, ce mystérieux château qui se situait sur la butte Vergy dont il ne reste qu'une tour et quelques pierres , à leurs chanoines de Saint-Denis ; je pense aux hommes spirituels de bourgogne, aux moines qui bâtirent Cîteaux le Novum Monestarium en réaction à Cluny le Grandiose Monastère de Bourgogne, je pense Cîteaux et à son Cellier qui allait devenir le Clos de Vougeot ; à l'autre Abbaye dépendant de Vergy et rattachée à Cluny l'Abbaye de Saint-Vivant ; à Bernard de Fontaine (qui allait devenir abbé de Clairvaux) ; et à la résidence secondaire des Pères Abbés de Cîteaux, lieu qui berça mon enfance, le Château de Gilly-les-Cîteaux et son Jardin à la Française ; je pense aux premiers Ducs de Bourgogne, les Ducs Capétiens et aux Grands Ducs de Bourgogne, les Ducs Valois, Philippe le Hardi, Jean Sans Peur, Philippe le Bon, Charles le Téméraire, au Chancelier Nicolas Rolin et Guigone de Salins sa femme qui fondèrent les Hospices de Beaune, au Conseiller Régnier Pot et son magnifique Château sorti tout droit d'un conte de fée, La Rochepot et à son petit-fils Philippe Pot lui aussi Conseiller des Ducs; je pense à la Bourgogne rattaché à la France par un roi des Châteaux de la Loire ; je pense aux descendants des Grands-Ducs, Marie et son petit-fils l'empereur Charles Quint adversaire féroce de François Ier ; je pense au développement de la ville de Nuits, après que fut rasé Vergy par notre « bon » Roy Henri IV Nuits, ses deux église Saint-Symphorien et Saint-Denis, Nuits, et surtout son Beffroi, image de mon enfance, Nuits la solidaire, Nuits la généreuse... ; je pense à des personnages haut en couleur le Prince de Conti, Claude Jobert de Chambertin, Léonce Bocquet ; je pense au vin de l'Empereur ; je pense à la République qui refonde en moi l'ensemble de mes valeurs et enfin je pense à Jules Vernes, à Félix Tisserand et à la Science qui souvent dépasse la fiction, à ces astronautes qui foulèrent la Lune et déposèrent le nom de Nuits-Saint-Georges dans le cratère lunaire baptisé à cette occasion cratère Saint-Georges. Tous ces événements, tous ces mystères, toute cette histoire forgent les habitants de ce coin de terre.
La Terre, cette Terre de Bourgogne donne aussi le caractère généreux aux Bourguignons, ceux de la Côte, ceux de la Saône et ceux du Morvan, parce qu'ils savent donner de leurs temps, mais savent aussi montrer leur dur caractère, ils sont dur comme le calcaire de la roche de Comblanchien qui compose notre Côte, ils ne se laisseront jamais marcher sur les pieds nos indépendants citoyens de Bourgogne. Voici aussi à l'ouest des rudes paysages qui peuplent la Côte, les Combes, ces perforations rocheuses dans la Côte plissant les Rochers, ici, les villages et villes sont nés le plus souvent d'une rencontre avec la Côte et d'une combe ; combe Lavaux à Gevrey-Chambertin, combe de la Serrée à Nuits-Saint-Georges. Combe qui ajoute du mystère dans nos paysages. Plus loin à l'est, les forêts et la grande forêt de Cîteaux laissent aussi leurs empreintes sacrées dans nos esprits. Au milieu cette terre, la terre de la côte, la terre de la vigne, cette terre et ces vignes travaillées et retravaillées quand j'étais gamin avec ce père qui m'amenait dans ses vignes, avec lequel j'ai appris à travailler la vigne et le vin. Je garde un lien étroit avec cette terre, et c'est peut-être de travailler les vignes qui ont fait de moi un homme résolument les pieds sur terre préférant écouter la sagesse du corps plutôt que chercher dans un hypothétique Ciel des idées. Préférant regarder sur Terre plutôt qu'au Ciel, à part lorsque je m'amuse à réciter les constellations.
Brume et Terre, la Vapeur et l'Humus, alliage de Bourgogne comme le corps et l'esprit forgent nos identités.