dimanche 22 mars 2015

Chronique d'un Bourguignon | N° 04 – Nos Ancêtres les Eduens partie 2

La chronique d'un Bourguignon | N° 04 – 


NOS ANCETRES LES EDUENS PARTIE 2 : LES ARDENTS

Bibracte, le Mont Beuvray dans le Morvan



Qui sont-ils nos ancêtres vivants en territoire de la future Bourgogne ? Les Ardents (Eduens) est un peuple qui occupe une grande partie de notre Bourgogne sur un territoire situé entre les vallées de la Dheune (qui traverse Saint-Loup-Géanges, Merceuil, Chaudenay, Chagny, Santenay, Saint-Léger-sur-Dheune), de la Bourbince (de l'étang de Torcy à Digoin), de l'Arroux ( Arnay le Duc, Autun, Gueugnon) et de l'Ouche (Lusigny-sur-Ouche, Bligny-sur-Ouche, Sainte-Marie-sur-Ouche, Dijon, Longvic, Saint-Jean-de-Losne). Pour situer plus largement entre les confluents de la Loire et de l'Allier route des Arvernes, de la Saône où de l'autre côté on rencontre les Séquanes, plus loin la Saône se jette dans le Rhône route des Allobroges, L'Ouche quant à elle les sépare des Lingons, les Lingons étaient établis à Langres et Divio (Dijon) était leur lieu de Culte.
Les Villes principales Eduennes sont : Noviodunum (Nevers), Decetia (Decize dans le Morvan), Cabillonum (Châlon-sur-Saône), Matisco (Mâcon), Belena (Beaune) affluence qui va jusqu'au Canton de Nuits-Saint-Georges (les Bolards) où la frontière avec les Lingons se situaient peut-être vers Gevrey-Chambertin. Toutes ses villes étaient très bien placées pour le commerce, c'est ainsi que les Eduens étaient un des plus puissants, avec les Arvenes de Vercingétorix, peuple de Gaule. Les Ardents avaient de nombreux alliés Aulerques Brannovices, Mandubiens d'Alésia et Epomandui. Pour récapituler au Nord il y avait Lingons et Mandubiens d'Alésia et plus au nord les Sénons, à l'ouest Aulerques Brannovices et Bituriges, au Sud Arvernes et Ségusiaves, à L'ouest Ambarres et Séquanes.
Le contrôle des fleuves et surtout de l'Arar (la Saône) était souvent source de rivalité avec les peuples voisins surtout avec les Sequanes et se disputaient l'hégémonie économique avec les Arvernes
Le Morvan est une forteresse naturelle au centre de ce vaste espace c'est ainsi que les Ardents construisent leur Capitale Bibracte en haut du mont Beuvray (821 mètres et 135 hectares) (actuelles communes de Saint-Léger-Sous-Beuvray, Glux-en-Glenne, Larochemillay) qui est constitué de trois sommets : le Theurot de la Wivre avec sa pierre, le Theurot de la Roche et le Porrey qui est le point culminant.

Les Ardents (Eduens) étaient régis par un chef électif le Vergobret, élu tous les ans sous l'égide des Druides, qui possédait le droit de vie et de mort, mais ne pouvait pas quitter le territoire. Pour la guerre hors frontière il nommait donc un général. Chez les Ardents il y eu Liscos en 58, Valétiacos en 53 et Convictolitavis en 52. En dessous un Sénat qui se composait d'un membre par famille et Les Druides occupaient également de hautes fonctions. Diviciacos fut l'ambassadeur du peuple éduen et dirigea la cavalerie lors guerre des Gaules.

Depuis le Ier siècle avant JC avant 138 les Ardents avaient fait alliance avec la Cité, le Sénat Romain les proclama «frères de la République et de même Sang» Rome se forgeait à l'époque un réseau de légendes divines d'où le lien avec Troye comme l'alliance avec Massalia certainement l'intégration des Ardents était du même type, c'est à dire intégré au réseau de légendes divines ; c'est ainsi que les Ardents demanda de l'aide à Rome lorsque les Helvètes décidèrent de traverser la Gaule et constituèrent une menace pour Bibracte ce qui déclencha la Guerre des Gaules. Ce n'est que tardivement que les Ardents se rallièrent à l'Arvernes Vercingétorix contre Rome, leur esprit d'indépendance les convainc de ne plus suivre Rome.

Ainsi le tableau dressé laissons un peu la plume au grand Jules !
L'Eduen Diviciac se fit leur porte-parole : il dit « que l'ensemble de la Gaule comprenait deux partis, dont l'un avait pour chef les Eduens, l'autre, les Arvernes. Après de longues années d'une lutte pour la prééminence, on avat vu les Arvernes, unis aux Séquanes, attirer les Germains mercenaires. Quinze mille d'entre eux passèrent d'abord le Rhin ; la fertilité du sol, la civilisation, les richesses du pays, plurent ces hommes sauvages et barbares, et en firent venir un plus grand nombre, et il y en avait maintenant cent vingt mille dans la Gaule. Les Eduens et leurs alliés ont livré deux combats avec eux, ils ont été repoussé, de grands malheurs à déplorer, la perte de toute leur noblesse, de tout leur sénat, de toute leur cavalerie. Épuisé par ces combats désastreux, ils s'étaient vus dans l'obligation, eux que leur courage et leurs liens d'hospitlité et d'amitié avec le peuple Romain, avaient précédemment rendu si puissant dans la Gaule, s'était vu forcé de donner en otage aux Séquanes leus plus plus nobles citoyens, et de s'engager par serment à ne jamais réclamer ces otages, et à ne point implorer le secours du peuple romain, à ne pas tenter de se soustraire au joug perpétuel de ses vainqueurs. Il est le seul de tous ses concitoyens qu'on n'ait pu contraindre à prêter serment ni à donner ses enfants en otage. Il avait fui de son Etat et est venu implorer Rome le secours du sénat que parce qu'il n'était retenu par aucun serment ni aucun otage. […] » Quand Divitiac eut tenu ce discours, tous les assistants, fondant en larmes, se mirent à implorer le secours de César.

Jules CESAR, La Guerre des Gaules, I 31-32.

Des décennies après la fin de la Guerre des Gaules les Eduens quittèrent Bibracte pour rejoindre la Nouvelle Cité d'Auguste Augustudunum crée par Auguste en 16-13 av. J.-C. En fondant Autun Rome cherche à affirmer son pouvoir et à abaisser celui du grand oppidum de Bibracte. C'est chose faite. Bibracte est peu à peu abandonné au profit d'Autun !

nota : On peut retrouver les Eduens sous ses noms : en latin : Aedui ou Hedui et Haedui
                                                                                    en grec : Aidouoie et Aidousioi



vu du mont Beuvray 821 mètres un des sommets de la Bourgogne avec le Haut Folin son voisin 901m

dimanche 25 janvier 2015

Chronique d'un Bourguignon | N° 03 – Nos Ancêtres les Eduens partie 1-

Vue du mont Lassois


La chronique d'un Bourguignon | N° 03 

 NOS ANCETRES LES EDUENS PARTIE 1 : AVANT ON BROSSE LE TABLEAU...


Les Celtes apparaissent entre 2000 et 1200 ans avt JC en Bohême, au début de l'âge de Bronze, considérés comme les successeurs des Indo-Européens qui vivaient il y a 5000 ans au nord de l'Eurasie, auxquels ils empruntent, les mégalithes, des cultes, des symboles. Les Celtes ne sont pas un peuple centralisé mais plutôt différentes tribus.
En 2000 avt JC c'est l'apparition du bronze qui va bouleverser toutes l'Europe. Le bronze c'est l'alliage du cuivre et de l'étain autrement dit un processus qui va permettre de fabriquer des armes beaucoup plus efficaces que les poignards d'os ou les pointes de silex de la préhistoire mais va aussi permettre de fabriquer des outils pour l'agriculture et la construction : couteau, marteau, hache, enclume, roue cerclée de fer, araire. Mais où peut-on trouver de l'étain ? En Armorique et en Grande Bretagne, et le cuivre ? Dans les Alpes. L'ambre vient de la Baltique. Le sel vient d'Autriche. Une route des matières premières se dessinent, elle part du Rhin jusqu'à notre Bourgogne pour rejoindre le Sud par la vallée du Rhône. Les conditions sont réunies pour l'émergence d'un véritable civilisation. Du Bassin Parisien à la Bohème en passant par les Alpes se met en place une civilisation qui enterre ses morts sous tumulus. Des princes contrôlent la route de l'étain. Puis à la fin de l'âge de Bronze, autre temps autre civilisation, on incinère les morts, ce sont les Champs d'Urnes les cendres des morts y sont déposés avec leurs armes brisés dans des urnes regroupées en cimetière.
Apparaît ensuite une deuxième révolution technique, celle de l'Age de Fer, entre le IX éme et le VIII éme siècle avt JC, c'est à ce moment que les Celtes entrent en scène. La métallurgie du fer, plus résistant que le bronze, plus facile à exploiter et plus répandu dans la nature que le cuivre et l'étain, donne naissance à l'Age de Fer et ses deux périodes, le premier âge de Fer dit l'Hallstatt (800 avt JC), nom d'une nécropole autrichienne près de Salzbourg, période où l'on retrouve la Princesse de Vix et le fameux vase, et le second âge de fer dit la Tène (500 avt JC) d'où l'adjectif laténienne, nom d'un village tout proche de Neuchâtel en Suisse où on a retrouvé un grand nombre d'objets celtes et un pont de cette époque. La Tène est la période qui marque l'apogée de la civilisation celtique, période où l'on retrouve nos ancêtres les Eduens.
Période de Hallstatt : C'est le début d'une grande expansion Celtes, qui, du domaine primitif autour du Rhin borné vers Heuneburg, va s'étendre à l'est jusqu'à Hallstatt et à l'ouest jusqu'à Vix, au nord vers la Belgique et au sud non loin de La Tène. Du VIIIeme siècle au VI eme siècle avt JC des sites fortifiés et toute une aristocratie princière va se développer de la Bohème à la Bourgogne. Les Celtes commerçants parcourent l'Europe à cheval et de petits groupes de migrants celtes vont petit à petit se mêler à la population autochtone, leur apporter leur savoir technique, une avancée énorme pour les locaux, la technique du fer. La civilisation celtique se développe. On ne doit pas imaginer des barbares venant envahir des territoires mais plutôt des commerçants-guerriers (pouvions nous ne pas être guerriers lorsqu'on se déplaçait à l'époque ?) apportant le savoir et s'intégrant à la population, ils s'installent deviennent marins, d'autres agriculteurs, d'autres artisans (forgeron, bronziers, orfèvre, tisserands, potiers, constructeur). Certains s'installent le long de la Mer du Nord et entrent en Bretagne (Grande Bretagne), poussent même jusqu'à l'île d'Eire : Pictes et Goidels. En 650 c'est au tour des Brittons d'entrer sur la terre éponyme. Et en Bourgogne me direz-vous ?
En Bourgogne s'installe des princes qui adoptent une coutume étrangère, le vin. Il naît sur le territoire une hiérarchie sociale, une cour, on trouve des distinctions, des présents notamment ceux de la Princesse de Vix. En 1953, René Joffroy, prof de philo, découvre au pied du mont Lassois près de Châtillon-sur-Seine en Côte d'Or la nécropole de Vix sous un tumulus de 6 mètres de haut se trouve une chambre funéraire de 3 mètres de profondeur mesurant 3 mètres de côté coffré de bois. Une femme de 30 ans gît sur le fond d'un char dont les roues démontées déposées debout alignées sur le mur à gauche côté est, côté ouest 3 bassins de bronze d'origine étrusque et le vase le plus grand grand du monde, vase grec, le cratère de Vix : 1,64 m de haut, diamètre 1,27m poids 208 kg, pouvant contenir 1200 litres ! La princesse porte sur la tête un torque d'or fin (480g), sur sa poitrine un torque de bronze, autour du cou un collier d'ambre et de perle, des bracelets d'ambre et de schiste, ainsi que des fibules ornés de corail ferme la robe. Origine du vase : La Grèce : Sparte ou Tarente (Grande Grèce). Fonction : peut-être vase à libation ? On sait que l'oppidum du mont Lassois se trouvait sur le chemin de la route de l'étain de Cornouailles à l'Italie ce qui en a fait une cité industrielle et commerciale très en vue, un des plus grand marché de toute la Gaule, de plus il se situait à l'endroit où la Seine n'était plus navigable, il fallait débarquer à Vix pour continuer le chemin en direction du Sud. Au V eme siècle tout s'effondre brutalement, on ne sait pour quelle raison mais la population se concentre en Champagne, dans les Ardennes et le long du Rhin. A Châtillon il y a aussi la source de la Douix vénérée dés le néolithique et par les Celtes. Nota : De cette source Saint Bernard (voir chronique mensuelle n°2) eut sa vision de la lactation de la Vierge
Période de La Tène : Une nouvelle migration venue de l'Europe centrale (Bohême, Pologne, Bavière, Autriche, Hongrie) a lieu par vague successive par groupe restreint à partir de 400 avt JC, migration qui continue jusqu'au III siècle avant JC. Ces migrants s'assimilent avec la population d'origine, ils ont la même langue, la même économie, la même culture, la même religion, mais aucune unité politique. Les Grecs les nomment les Keltoï, les Romains les Galli. La raison de cette migration ? Changement climatique ? Surpopulation ? Toujours est-il qu'ils sont attirés par les richesses agricoles. Ils vont vers la Baltique, la Manche, la Mer du Nord, la Bourgogne, le Rhône, le Sud de la France, l'Aquitaine, la Galice en Espagne (étymon dérivé du nom Gaule), en Asie mineure ils fondent la Galicie (les Galates). Ce sont de nombreuses tribus qui s'installent en Gaule dont les plus connues et les plus influentes sont les Arvernes (peuple dont sera issu Vercingétorix) et les Eduens (allié et ami pour un temps à Rome). Mais deux autres tribus entrent dans l'Histoire (dont l'une issue du futur territoire de notre bourgogne). Les Sénons et les Galates. En 387 avt JC les Sénons (peuple de l'Yonne ayant donné sont nom à Sens) et leur chef Brennus franchissent le Pô, se battent à Allia, et incendient Rome excepté le Capitole. Rome n'était pas encore la Rome conquérante qu'on connait. Une rançon fut fixée à mille livre d'or. Alors que le tribun se plaignait que les gaulois avaient apporté des poids pour peser la rançon, Brennus jeta son épée sur la balance et jeta un « Vae victis », malheur aux vaincus ! En 279 un autre Brennus, (décidément !) à la tête de 150 000 hommes ravagent la Grèce et surtout, comble du comble, ose défier les dieux grecs en pillant l'un des plus grand sanctuaire du monde antique Delphes. Brennus blessé se suicide, les soldats de son armée fonde le Royaume des Galates et menace Byzance. En 225 avt JC les gaulois se battent en Etrurie à la bataille de Télamon. De ses épisodes est né dans l'imaginaire des romains et des grecs la peur du gaulois qu'ils s'imaginent sanguinaires et ne craignant pas la mort.
Et à cette époque, époque où diverses tribus se sont installées et évoluent sur le territoire de la Gaule, entrent en scène nos ancêtres les Ardents (Aedui ou Eduens)...

Source de la Douix




pour en savoir plus vous pouvez consulter l'excellent livre de Renée Grimaud, Nos ancêtres les Gaulois, ed Ouest-France et Les Celtes en Europe de Maurice Meuleau